Je vais présenter ici des possibilité de financement pour deux activités au résultat partiellement immatériel et dont le mode de financement le plus répandu actuellement est insatisfaisant : la musique et l'éducation. Le cas de la musique peut être étendu à toute les formes de création intellectuelle facilement duplicables dès qu'elles sont divulguées (médicaments, livres,...)
En apparence, ces problèmes sont différents. L'industrie du disque est confrontée à la question «Comment faire payer l'utilisateur ?» alors que pour l'éducation la question est plutôt «Comment être efficace à un coût raisonnable ?». Néanmoins, ces problèmes peuvent êtres résolus de façons semblables.
Ce billet sera posté en 3 parties, la présente comme introduction, les suivantes détaillant chaque cas.
On appelle ici globalement "producteurs" et "consommateurs", respectivement ceux qui reçoivent l'argent et ceux qui payent .
On se fixe les objectifs suivants pour considérer que le système est juste :
- Faire payer celui qui profite du service et surtout ne pas faire payer celui qui n'en profite pas
- Payer dignement les producteurs, c'est à dire ne pas dépendre seulement du bon vouloir des consommateurs (donations, ...)
- Être aussi résistante que possible aux comportements frauduleux
- Avoir un système globalement vertueux : amélioration avec le temps pour le producteur et pour le consommateur.
Propositions de modèles
Les modèles économiques proposés sont présentés sommairement ici et seront détaillés dans les parties suivantes.
Du coté de la musique, il y a principalement deux problèmes. Le premier est majeur, il réside dans la possibilité croissante depuis quelques années de dupliquer quasi-gratuitement les enregistrements avec un risque légal faible. Les solutions visant à résoudre directement ce problème sont vouées à l'échec car pour être efficace elle nécessiteraient une confrontation entre les producteurs et les consommateurs incompatible avec une bonne relation commerciale (solutions type DRM). La solution contractuelle est proche de la situation actuelle et poserait sans doute les mêmes difficultés. Le second problème est mineur en pratique, il s'agit du manque d'assises solides à la notion de "propriété intellectuelle". La propriété sur les biens matériels est intuitive (un objet est à un seul endroit à chaque instant) mais les idées ne sont pas des biens excluables .
On déduit du premier problème qu'il est illusoire de vouloir gagner de l'argent une fois que l'idée est divulguée et qu'il faut donc le faire avant. La solution est la souscription. Le modèle basique consiste à définir une somme totale couvrant les frais et les bénéfices voulus et à demander aux consommateurs potentiels de la réunir. Ces dernier ne payent effectivement que si la transaction aboutie et que l'enregistrement est fournie. La musique est alors librement diffusable, ceci est inévitable de toutes façon et présente des avantages qui seront détaillés dans le prochain billet.
Pour l'éducation, un système doublement décentralisé (gestion autonome et choix de l'établissement par les parents) conserve un problème qui est le manque d'incitation pour l'établissment à améliorer le niveau de ses élèves. La réputation de l'établissement (et la conscience des enseignants) pourrait être suffisante mais elle est difficile à mesurer et n'a qu'un impact limité. Dans la situation actuelle et avec la plupart des modes de financement, c'est la phase d'apprentissage qui est payée et non les résultats.
Même si cette solution n'est pas parfaite, on peut considérer que le salaire (ou plus généralement les revenus du travail) est le meilleur indicateur disponible. Il est donc logique de payer ses études a posteriori en fonction du salaire obtenu. Les modalités les plus efficaces restent à déterminer. Cela peut être fait analytiquement (dans le billet détaillé) mais les acteurs impliqué le feront bien mieux au cours du temps avec leur expérience.
Je propose d'une certaine façon d'inverser les moments de payement par rapport à la situation actuelle.
Plus de détails prochainement.