samedi 30 décembre 2000

S&V 1914 : En captant la lumière solaire, nous pourrions nous passer de charbon

Ce post est le premier d'une série d'au moins 5 consacrés à des scans d'articles trouvés dans des vieux Science & Vie datant de 1914 à 1954. Il s'agit de quelques exemplaires que j'ai trouvé dans une brocante pour un prix très faible il y a quelques années.

L'article s'intitule "En captant la lumière solaire, nous pourrions nous passer de charbon" et est écrit par André Crober. Il s'agit du numéro 14 de S&V datant de 1914, le plus ancien que j'ai (je publierai ces scans par ordre chronologique).

Notons qu'à l'époque S&V se nomme "La science et la vie".

La technologie décrite par l'article n'est pas du photovoltaïque bien que cela aurait été possible puisque l’effet photovoltaïque a été découvert par Antoine Becquerel en 1839. Il s'agit simplement de systèmes dans lequel la chaleur est concentrée pour chauffer de l'eau.


vendredi 29 décembre 2000

La fiabilité des articles de Wikipédia

J'apprécie beaucoup Wikipedia mais il me semble qu'il ont des difficultés à gérer la croissance de leur notoriété. En effet, le message qui semble être passé auprès de nombreuses personnes qui découvrent WP ces derniers temps est qu'il s'agit d'une "encyclopédie gratuite faite par des amateurs" sans informations sur le processus de création.

Lorsque je rencontre des personnes ayant cette image de Wikipedia, plutôt que de défendre directement l'encyclopédie libre, j'explique son mode de développement et ce qui en découle. L'important est, à mon avis, de savoir déterminer si, pour un sujet donné, le principe du wiki va fonctionner ou pas.

Deux éléments sont à considérer. Le premier est de savoir si la "masse critique" d'éditeurs (réels ou potentiels) a été atteinte. L'autre est d'estimer le niveau de polémique du sujet.

La "masse critique" est liée au nombre d'yeux qui vont relire l'article et connaissent bien le sujet. La relecture n'est pas forcément volontaire au sens où cela peut être le fait de gens qui ne viennent pas spécifiquement pour relire mais qui feront la correction si besoin.
Il est logique de penser que le nombre d'expert sur un sujet technique très pointu ou une petite localité est faible. De plus, il y a un risque que plusieurs contributeurs tirent une information erronée d'une même source.
Un indice est le nombre de contributeur différents dans l'historique de l'article. Cependant, il n'indique pas le nombre de lecteurs compétents qui ont lu l'article sans y déceler d'erreur. En cas de doute pour l'article en français, il est possible d'aller voir l'article en anglais qui, sauf sur les sujets nationaux - et encore -, est généralement relu et modifié par plus de personnes donc plus fiable.

L'autre point est le niveau de polémique du sujet. Certains sujets vont déchaîner les passions et les oppositions. C'est typiquement le cas sur les questions politiques. Si la masse critique évoquée au dessus est atteinte et qu'il n'y a pas quelqu'un qui fait de l'obstruction, on peut s'attendre à un bon article encyclopédique qui présente les différents points de vue. Lire la page de discussion donne une bonne idée de l'état de la page.
Certains sujets sont porteurs de passions mais d'assez peu d'oppositions, par exemple des détails concernant des personnages de la saga StarWars. Il est raisonnable de penser que ces articles sont exacts.
Les sujets d'actualités sont un cas particulier auquel il faut faire attention. Ces articles peuvent être modifiés par différents courants voir être le terrain de guerres d'édition. On se rappelle de l'article sur l'EPR qui avait été modifié par les partisans d'un candidat après (pendant ?) un débat présidentiel pour refléter la boulette du dit candidat.

Un dernier point à considérer est l'adéquation entre le besoin de certitude et le temps passé pour jauger l'article. Inutile de prendre trop de temps à juger de la fiabilité d'une information futile. Au contraire, pour un besoin professionnel ou dans un cas pouvant avoir un impact financier, il serait irresponsable de ne pas lire les liens externes et de ne pas passer au moins autant de temps à consulter la page de discussion et l'historique que l'article lui-même.
Lien
Note : ce post m'a été inspiré par une conversation récente avec quelqu'un circonspect face à Wikipedia et manquant justement de critère pour savoir quand il pouvait faire confiance à l'encyclopédie libre. Introduire des concept tel la Catallaxie peut être intéressant mais ne me semble pas prioritaire dans ce type de conversation.

mercredi 22 novembre 2000

Logo de la CGT

En cette période de campagne prud'hommale en France, voici une petite réflexion — sans doute peu originale — sur le logo de la CGT, la Confédération générale du travail.
Pour rappel, le logo en question est le suivant :


Ce qui m'intéresse ici n'est pas la forme mais le fond et plus précisément la présence de l'article défini "la".
Le nom du syndicat, comme d'ailleurs celui des autres syndicats dit "représentatifs" en France est un acronyme. On peut s'étonner de l'utilisation de lettre minuscules plutôt que de capitales mais ce n'est pas le sujet. Il est d'usage pour les acronymes de les précéder d'un article défini lorsque l'on les utilise dans une phrase. Ceci est plus étrange dans un logo. On peut vérifier simplement qu'aucune autre organisation syndicale ne le fait et — à ma connaissance — aucune entreprise.

Ceci pourrait n'être qu'une coïncidence mais je rapproche ce fait d'une remarque que je me suis faite par ailleurs. Il est fréquent qu'une entreprise qui veut rajeunir son identité essaye de supprimer l'article. On peut citer comme exemple la Société d'application général électrique et mécaniques, plus connue sous le nom de Sagem, la Société nationale d'étude et de construction de moteurs d'aviation, Snecma, le Groupement industriel des armements terrestres, le Giat devenu Giat Industries puis Nexter ("Next"+"Terre"), l'Alsthom devenu Alstom (à l'origine Als.Thom, contraction de "Alsace" et de "Thomson") et d'autres. La SNCF a une situation intermédiaire, le slogan "SNCF, nous allons vous faire préférer le train" se passe de l'article mais le reste de la communication le garde.

Le point commun de ces entreprises est une forte tradition industrielle et ouvrière, un bon ancrage du syndicalisme et surtout une dépendance — parfois en cours de guérison — à l'argent public. J'ai remarqué en parlant avec des personnes ayant travaillé dans ces sociétés ou y travaillant encore que les anciens utilisaient l'article, certes en partie par habitude, mais surtout pour montrer qu'ils étaient là "avant" et qu'il préféraient la situation de l'époque à laquelle la rentabilité n'était pas un objectif et le rêve technique possible. Les plus râleurs — ils sont fréquents chez les "anciens" de l'industrie — étant souvent ceux qui insiste le plus sur l'ancien nom de l'entreprise.

Il y aurait donc un lien entre le "la" du logo de la CGT et la nolstalgie d'une certaine industrie d'Etat capable de faire le TGV et de rivaliser techniquement avec le monde entier (bref les USA) qu'importe le coût. Mais est-ce nécessaire pour remarquer l'archaïsme de ce syndicat, pire encore que les autres syndicats dit "représentatifs" de France ?

dimanche 19 novembre 2000

Centres téléphoniques automatiques

Voici des scans de documents datant d'un demi-siècle retrouvés chez mon grand-père. Il sont un témoignage de la transition entre les communications établies par une opératrice et les systèmes automatiques.

Le document principal est une petite page recto-verso pliée en 2 :





On note sur la troisième page que les communications moyenne et longue distance sont moins chère si l'on utilise le système automatique.

La notice rouge à laquelle il est fait référence page 1 est la suivante :



Contrairement à ce que j'ai cru initialement, ces papiers n'ont pas tous été distribués en même temps puisque celui-ci est daté de Mars 1959 alors que les premiers annonçaient les nouveautés à venir en 1958.

Nous sommes habitués à la tarification à la seconde, à l'époque le prix est appliqué par période indivisible de 3 minutes ! Un signal sonore prévient quelques secondes avant la fin d'une unité.

Sans indication de date :



Sur une fiche recto-verso plus épaisse :


lundi 16 octobre 2000

Financement de immatériel (Partie 1)

Je vais présenter ici des possibilité de financement pour deux activités au résultat partiellement immatériel et dont le mode de financement le plus répandu actuellement est insatisfaisant : la musique et l'éducation. Le cas de la musique peut être étendu à toute les formes de création intellectuelle facilement duplicables dès qu'elles sont divulguées (médicaments, livres,...)
En apparence, ces problèmes sont différents. L'industrie du disque est confrontée à la question «Comment faire payer l'utilisateur ?» alors que pour l'éducation la question est plutôt «Comment être efficace à un coût raisonnable ?». Néanmoins, ces problèmes peuvent êtres résolus de façons semblables.
Ce billet sera posté en 3 parties, la présente comme introduction, les suivantes détaillant chaque cas.

Objectifs de justesse
On appelle ici globalement "producteurs" et "consommateurs", respectivement ceux qui reçoivent l'argent et ceux qui payent .
On se fixe les objectifs suivants pour considérer que le système est juste :
- Faire payer celui qui profite du service et surtout ne pas faire payer celui qui n'en profite pas
- Payer dignement les producteurs, c'est à dire ne pas dépendre seulement du bon vouloir des consommateurs (donations, ...)
- Être aussi résistante que possible aux comportements frauduleux
- Avoir un système globalement vertueux : amélioration avec le temps pour le producteur et pour le consommateur.

Propositions de modèles
Les modèles économiques proposés sont présentés sommairement ici et seront détaillés dans les parties suivantes.
Du coté de la musique, il y a principalement deux problèmes. Le premier est majeur, il réside dans la possibilité croissante depuis quelques années de dupliquer quasi-gratuitement les enregistrements avec un risque légal faible. Les solutions visant à résoudre directement ce problème sont vouées à l'échec car pour être efficace elle nécessiteraient une confrontation entre les producteurs et les consommateurs incompatible avec une bonne relation commerciale (solutions type DRM). La solution contractuelle est proche de la situation actuelle et poserait sans doute les mêmes difficultés. Le second problème est mineur en pratique, il s'agit du manque d'assises solides à la notion de "propriété intellectuelle". La propriété sur les biens matériels est intuitive (un objet est à un seul endroit à chaque instant) mais les idées ne sont pas des biens excluables .
On déduit du premier problème qu'il est illusoire de vouloir gagner de l'argent une fois que l'idée est divulguée et qu'il faut donc le faire avant. La solution est la souscription. Le modèle basique consiste à définir une somme totale couvrant les frais et les bénéfices voulus et à demander aux consommateurs potentiels de la réunir. Ces dernier ne payent effectivement que si la transaction aboutie et que l'enregistrement est fournie. La musique est alors librement diffusable, ceci est inévitable de toutes façon et présente des avantages qui seront détaillés dans le prochain billet.

Pour l'éducation, un système doublement décentralisé (gestion autonome et choix de l'établissement par les parents) conserve un problème qui est le manque d'incitation pour l'établissment à améliorer le niveau de ses élèves. La réputation de l'établissement (et la conscience des enseignants) pourrait être suffisante mais elle est difficile à mesurer et n'a qu'un impact limité. Dans la situation actuelle et avec la plupart des modes de financement, c'est la phase d'apprentissage qui est payée et non les résultats.
Même si cette solution n'est pas parfaite, on peut considérer que le salaire (ou plus généralement les revenus du travail) est le meilleur indicateur disponible. Il est donc logique de payer ses études a posteriori en fonction du salaire obtenu. Les modalités les plus efficaces restent à déterminer. Cela peut être fait analytiquement (dans le billet détaillé) mais les acteurs impliqué le feront bien mieux au cours du temps avec leur expérience.

Je propose d'une certaine façon d'inverser les moments de payement par rapport à la situation actuelle.

Plus de détails prochainement.

Financement de immatériel (Partie 2) : la musique

Comme je l'écrivais dans la première partie de cet article, le seul modèle qui me semble valide pour la musique et plus généralement pour les biens reposant sur la propriété intellectuelle me semble être la souscription.

Le principe de base, adapté à la musique, est qu'une somme d'argent est réunie par le groupe ou sa maison de disque avant que l'album ne soit disponible en intégralité. Le paiement n'est effectif que lorsque la somme visée est atteinte. Ensuite, les morceaux sont librement accessibles sous réserve d'en indiquer la provenance (il n'est pas acceptable de "voler" la notoriété du groupe). Je vais ici répondre aux principales objections qui pourraient être faites.

* Seuls les groupes connus peuvent se permettre de faire ainsi.
Ce n'est pas facile de percer pour les nouveaux groupes mais ceci sera le cas quelque soit le modèle. Un groupe qui n'a pas encore de notoriété propre doit la "trouver" ailleurs. Cela peut être par le biais d'une maison de disques respectée. Si les clients sont satisfait des choix fait par une certaines maisons de disques, la confiance peut être suffisante pour souscrire à un groupe annoncé comme prometteur par l'éditeur. L'artiste peut aussi divulguer un morceau afin de donner envie d'entendre l'album complet. Comme aujourd'hui, il peut se faire connaître par les concerts et les premières parties d'artistes plus connus.

* Si la somme visée n'est pas atteinte, l'artiste et le producteur perdent tout.
Il y aura un travail important à faire sur l'estimation de la somme à réunir. On peut imaginer un système de "cliquet" dans lequel il y a plusieurs tranches. La première tranche correspond à 3 morceaux, la deuxième à la moitié de l'album, la dernière à l'album complet. La première tranche permettant d'aider les indécis dans leur choix.

* Le modèle n'a pas l'air au point.
Non, il ne l'est pas pour la simple raison qu'il n'y a pas un solution valable pour tout les cas. Je laisse les professionnels de la musique proposer et essayer des solutions. Avec le temps, les meilleurs solutions émergeront.

* Les consommateurs sont habitués à la gratuité.
Certains le sont. Dans la situations actuelle, avoir les albums gratuitement est si simple et sans risque réel qu'il n'y a aucune incitation à payer. Ma solution permet de garder la gratuité d'accès tout en payant un prix raisonnable pour ses artistes préférés.

* N'y aura t'il pas des passagers clandestins qui ne payent jamais ?
Si probablement. Néanmoins les vrais amateurs ne devraient pas hésiter à payer si le prix est bien fixé. De plus, les maisons de disques peuvent imaginer plein de bonus pour récompenser les acheteurs : albums physiques en avant-première, certificat d'achat, objets collectors, réduction aux concerts, ...

* Cette solution est-elle juste ?
Probablement plus que la situation actuelle et que les solutions telles la licence globale. L'acheteur payent pour un produit et l'argent va à l'artiste choisi et non à un pool avec une répartition sur des critères arbitraires. La rentabilité pour l'artiste en cas de réussite est fixés à l'avance et est proportionnée à la notoriété.

* Et les artistes ou genres marginaux ?
Comme les débutants, leur situation actuelle n'est pas facile. Ce sont justement ceux qui ont un noyau d'amateur prêt à payer et refusant de pirater mais aussi n'aimant pas les majors. Ce sont eux les grands gagnants de la Longue traîne.

* Certains albums sont des succès inattendus et l'artiste gagne donc beaucoup plus. Or avec la souscription, il ne gagne pas plus.
La somme visée et sans doute atteintes sera beaucoup plus élevée pour l'album suivant, les duos, etc. Sinon, c'est juste un "tube de l'été", un emballement médiatique, une bulle musicale et il n'y a pas de raison qu'ils gagnent plus.

Je n'ai pas trouvé de données permettant de faire un exemple chiffrée crédible. Lors de mes recherches, j'ai tout de même trouvé ces tableaux intéressants (et les pages voisines).

Le même principe peut être appliqué aux médicaments. Dans ce cas particulier, les acheteurs "primaires" seraient sans doute les États ou les assurances mutuelles de santé. L'intérêt à ne pas attendre peut alors être lié au prestige.

vendredi 23 juin 2000

Fool on the Hill



Le premier roman de Matt Ruff publié en 1988 - le seul non traduit en français - est un (d)étonnant mélange de magie, de chevalerie, de tragédie et d'humour ponctué de références littéraires.

New students, old students, vacationing professors, soon it would be time for them to come and bring Cornell out of hibernation, give it life for another year.
L'alma mater de Ruff, l'université Cornell -- située sur une colline, the Hill -- est le principal lieu de l'action avec ses statues des fondateurs (Ezra Cornell et Andrew D. White), ses bâtiments et ses traditions telles que la parade du Dragon vert.
It is in those animals most closely associated with humanity—cats and dogs in particular—that telepathy becomes a refined and useful tool.
There were well over a thousand sprites living on The Hill, anonymously helping the humans run things.

Au coté du monde des humains, apparaissent rapidement ces deux groupes de protagonistes étranges : d'une part les chiens et les chats qui communiquent entre eux par télépathie et d'autre part les sprites -- des sortes de lutins invisibles aux humains et issues de l'œuvre de Shakespeare.
Les interactions plus ou moins directes entre les humains, les animaux et les sprites se précisent au cours du roman.
“No need to fear, then,” Mr. Sunshine assures him. “You must understand, I’m no ordinary storyteller, no hack toying with cheap fabrications. I’m a Storyteller; I Write without paper, and all my fictions, Ezra, are true.”
Cet étrange personnage est présent dans un des multiples niveaux de réalité du roman et joue une rôle très particulier dans l'histoire et dans la structure du récit.

“I do appreciate fine literature. [...], I especially like dabbling with the classics: Chaucer, the Norse Sagas, the lives of the Saints, Shakespeare, Greek mythology of course—”.
Outre les auteurs et récits cités ci-dessus, on trouve de nombreuses références à Tolkien, et dans une moindre mesure Pynchon (L'agent de Matt Ruf est d'ailleurs une certaine Melanie Jackson ...), Fariña (un autre ancien de Cornell), Winnie l'ourson et même le Muppet Show (à travers le cuisinier suédois).
Chaucer, auteur/traducteur du Roman de la Rose est là pour la chevalerie et Shakespeare pour la tragédie.
La figure du dragon -- là encore, la chevalerie -- est omniprésente comme ennemi majeur, souvent assisté par les rats (Rats ou ρατ). Le lien entre le personnage de l'écrivain Stephen Titus George -- S.T. George -- et le sauroctone St. Georges est d'ailleurs explicité dès le début.
On trouve beaucoup de petites touches humoristiques (telles que “We’re waiting for a fellow by the name of Dogot,” Cashmere had said in greeting. “Have you seen him by any chance?” Thus began one of the most bizarre conversations Luther had ever been party to.)
Agréable à lire, superbement construit et très drôle, ce premier roman de Matt Ruff mérite vraiment d'être lu.
Sur son site, Ruff indique la musique qu'il a écouté pendant la rédaction de ses livres. Dans la liste de Fool on the Hill, j'ai eu le plaisir d'y retrouver certains de mes groupes préférés comme Rush et ELO. Par ailleurs, j'avais déjà fait référence à son blog et celui de sa femme précédemment.



Je prévois de lire bientôt bientôt ses autres livres mais après Contre-Jour.

mardi 23 mai 2000

S & V 1923 : "Les électromoteurs modernes ..."

Suite de ma série de scans venant d'anciens Science et Vie. L'article en lui-même est relativement intéressant techniquement mais ce qui m'y plaît le plus sont ses beaux schémas. C'est intéressant de voir présenter comme des nouveautés des systèmes devenu classiques (moteurs synchrones, moteurs asynchrones).

 
  
  
  

 Teaser : le prochain billet de la série est sur un sujet plus fun.

vendredi 7 avril 2000

La guerre secrète

La guerre secrète (Bodyguard of Lies) raconte le rôle des services secrets et des "moyens spéciaux" durant la Seconde Guerre Mondiale. L'historien et journaliste Anthony Cave Brown est anglo-américain mais autant que j'ai pu en juger reste impartial. Le livre a été publié en 2 tomes en 1975 (1983 en français) à l'époque où le secret sur le sujet commençait à être moins strict.

Je connaissais déjà bien la partie concernant le cassage d'Enigma par - entre autres - Turing m'étant beaucoup intéressé à l'histoire de l'informatique. Une très bonne lecture sur le sujet d'Enigma et de l'hstoire de la cryptographie est Simon Singh. Dans un autre style, Cryptonomicon de Neal Stephenson est un de mes romans préférés. Notons néanmoins que des découvertes plus récentes apportent un éclairage différent (intelligent life).

Le cassage d'Enigma lui-même n'occupe qu'une place mineure dans le livre qui traite bien plus de l'utilisation militaire qui en a été faite via les messages Ultra. Les "Ultra" était les messages interceptés et décryptés par les britanniques et les américains qui étaient traités dans le plus grand secret avec comme objectif prioritaire de ne pas laisser les Allemands soupçonner que leur code était brisé. L'autre élément déterminant de cette guerre secrète est l'intoxication de l'ennemi notamment en gonflant les effectifs présent sur le sol britanniques (par la création de faux trafic radio, par exemple) et en rendant crédible différents points de débarquement pour éparpiller et fixer les troupes allemandes. Même après le jour J, Hitler croyait qu'un autre débarquement plus important aurait lieu dans le Pas-de-Calais. Cryptonomicon aborde aussi les couvertures d'Ultra et l'intoxication.

Comme tout "vrai" livre d'histoire, La guerre secrète est assez touffu et plein de détails. Certains passages sont un peu rébarbatifs mais dans l'ensemble cela se lit sans problème et est captivant.

L'impression dominante que j'ai eu à la lecture est que cette guerre a été une suite de situations dans lesquelles un petit détail aurait pu modifier sensiblement le cours de l'Histoire. De nombreux épisodes rocambolesques dont l'authenticité est avérée sont si peu vraisemblables qu'utilisés dans un scénario de fiction, ils seraient jugés ridicules. Par exemple, en mars 1943, durant l'Opération Flash un conspirateur demanda à un membre de l'entourage d'Hitler s'il voulait bien ramener dans l'avion un paquet de deux bouteilles de Cointreau pour un général vivant à Berlin. La forme carré de ces bouteilles rendait crédible le paquet qui contenait en fait de l'explosif. Malheureusement cela n'a pu fonctionné. L'avion a volé plus haut que prévu, il a fait froid dans la soute à bagage et l'acide qui devait ronger un cable et faire détonner la bombe a gelé ! Apprenant l'échec, le général a rapidement été récpéré ses "bouteille" et la tentative d'attentat est restée insoupçonnée.

On note aussi que les services secrets des deux camps inventaient au fil des événements un nouveau type de guerre à laquelle ils n'étaient pas préparés et qui provenait du progrès technique et de la part prise par les télécommunications.

Quelques pages amusantes et édifiante sur De Gaulle à Londres à qui personne ne fais confiance (à raison).

Même si l'utilisation des messages Ultra a été faite avec un incroyable brio, il faut s'interroger comme le fait l'auteur à la fin du livre sur l'impact négatif que cela a aussi eu. La Schwarze Kapelle et Rommel s'opposaient à la folie d'Hitler et voulaient sauver leur pays, néanmoins il n'avaient aucun pouvoir de négociation avec les Alliés car toutes les informations qu'ils auraient pu fournir en échange étaient déjà connues de ces derniers. De plus, il semble que les dirigeants alliés aient été aveuglés par la volonté d'abattre l'Allemagne plutôt que de se débarrasser d'Hitler, faire une paix séparée et avoir sur le continent une Allemagne forte et démocratique (éventuellement monarchique) capable de servir contre l'ennemi soviétique qui se profilait.

lundi 6 mars 2000

Little Brother

Little Brother est le dernier roman publié par Cory Doctorow. Le thème est la défense des libertés publiques en particulier dans le cas de la "guerre contre le terrorisme". Un sujet encore fortement d'actualité plusieurs années après les attentats dit "du 11 septembre".

Deux caractéristiques du roman le distinguent au sein de la bibliographie de Doctorow sont d'une part qu'il a cherché à être plaire à une audience plus jeune d'adolescents mais en restant lisible à tout âge et d'autre part qu'il contient un vraie formation pratique à la sécurité - au sens large.

Suite à un attentat à San Francisco, le Departement of Homeland Security prend le contrôle de la ville. Des jeunes lycéens et notament le héro Marcus, 17 ans, en sont victimes "colatérales" et refusent les contrôles du DHS. Suit une lutte entre le DHS et ces jeunes qui veulent montrer que les méthodes de l'Etat sont à la fois liberticides et inefficaces.

Contrairement à des romans comme Down and Out in the Magic Kingdom, les protagonistes évoluent dans un monde qui est le nôtre dans juste quelques années. Comme dans les romans cyberpunks, Doctorow n'hésite pas à citer des noms de compagnies et de marques et à situer précisément l'action dans des lieus existants.

Outre l'aspect littéraire, le roman vaut la peine d'être lu en temps que vulgarisation des notions de sécurité et respect de la vie privée. Cory Doctorow a notament travaillé pour l'EFF (Electronic Frontier Foundation) et publié des essais sur ces sujets et celui la "propriété" intellectuelle. Les méthodes utilisées par Marcus et ses amis sont décrites avec un rare talent de vulgarisation mais sans simplifcation outrancière. Je ne pense pas que les multiples références techniques et technologiques rebutent le lecteur béotien (mais je suis mauvais juge pour cela...). On trouve par exemple une très bonne explication des méthodes de chiffrage et de signature à clés publiques et des informations sur les risques de la généralisation des arphids (les puces RFID) couplées au data mining.

On trouve aussi des informations sur des sujets historiques tel que les politques des Yippies (mouvement politique hippies de Californie) et le procès mené par l'EFF pour faire lever l'interdiction d'une publication de cryptographie. L'hommage à la contre-culture américaine des années 60 est fait entre autre par de nombreuses références à On the Road de Kerouac.

Notons qu'un des produits inexistants utilisés dans le roman, le système d'exploitation axé sur la sécurité et l'anonymat ParanoidLinux a inspiré des développeurs qui l'on depuis réalisé.

Un point qui m'a déplu mais reste néanmoins assez réaliste est l'utilisation d'arguments typiquement américain (Constitution, Bill of Right) pour défendre la liberté des citoyens face au DHS. Cela reste logique puisqu'il s'agit d'une logique de lutte civique et que cela correspond bien à la vision courante dans la société américaine mais j'aurais aimé qu'il y ai aussi des références plus universalistes.

A la fin du livre, les experts en sécurité Bruce Schneier et Andrew "bunnie" Huang défendent l'application réelle des pratiques évoquées dans le roman et la recherche permanente des failles de sécurité ("Only bad security relies on secrecy; good security works even if all the details of it are public." comme le dit Schneier).

Enfin, Cory Doctorow a eu l'excellente idée d'ajouterà la dédicace du livre, des dédicaces (dedication) par chapitre à des librairies qui l'ont marquées. On y trouve à la fois des indépandant et des chaînes.

En résumé : je vous recommande fortement ce récis prenant qui fera réfléchir certains sur les libertés civiles et fournira aux autres de bonne techniques de vulgarisation et de l'energie pour lutter contre les abus de l'Etat.

Le livre est disponible gratuitement sous licence Creative Commons by-nc-sa et est en course pour le prestigieux prix des Nebula 2008.

Little Brother
L'EFF