dimanche 21 janvier 2007

"Pour en finir avec le Moyen-Age"

"Pour en finir avec le Moyen-Age" de Régine Pernoud est un petit livre très intéressant sur le Moyen-Age ou plus précisement, les nombreuses erreurs commises au sujet de cette longue période. L'aspect pamphlétaire du livre facilite la lecture mais semble parfois prendre le dessus sur la rigueur historique nécessaire.

Chaque chapitre aborde un sujet parmi lesquels l'art, la religion et la place de la femme. L'art du Moyen Age a souvent été estimé à l'aune des critères de la Renaissance, période à laquelle l'imitation de l'Antiquité est le seul objectif. En effet, les artistes et artisans du MA semblent bien malhabile si l'on suppose qu'ils ont cherché à copier l'Antiquité. Une citation savoureuse de Colbert : "copiez exactement les chefs-d'oeuvres antiques sans rien y ajouter" (aux jeunes envoyés étudier à Rome).
Sur la religion, de nombreuses mises au point sur la relation entre les pouvoirs temporels et spirituels, l'Inquisition, les croisades (terme d'ailleurs inexistant à l'époque).
Sur la place des femmes, j'ai appris l'existence de relativement nombreuses femmes "intellectuelles" telles que l'abesse Hrotsvitha, l'abesse Herrade de Landsberg (rédactrice de l'encyclopédie la plus connue au XIIe siècle) et d'autres alors que l'on affirme souvent que les femmes sont vue comme "sans âme" par l'Eglise de l'époque. Parlons aussi de Pétronille de Chemillé, nommée à 22 ans première abbesse d'un double couvent (moine et moniales) par Robert d'Abrissel !

En ces temps où le "révisionnisme" est condamné par la loi, c'est bien intéressant de voir l'écart entre l'Histoire connue du grand public (moi compris) et celle venant des textes originaux.

Les deux derniers chapitres sont consacrés à l'Histoire (en tant que discipline) et à son enseignement. En 1979, Mme Pernoud, née en 1909, a déjà une carrière d'historienne bien remplie (mais écrira encore une trentaine d'ouvrage avant sa mort en 1998). Elle met en garde contre l'adaptation romancée de l'Histoire, trop souvent approximative. On y apprend que même de grands historiens comme Michelet ont propagés de graves erreurs (dans son cas, faute d'avoir accès aux Archives nationales à la fin de sa vie). Pire, elle raconte le cas d'historiens pensant que leur discipline permet de "promouvoir ses idées" ou encore qu'il fait laisser au public sa "liberté de pensée" face aux faits.

En conclusion, un court livre pour corriger pas mal d'idées reçues sur cette période entamer une réflexion sur la place de la vérité en Histoire.

vendredi 19 janvier 2007

Scojo : business et caritatif


L'attribution du Prix Nobel de la Paix à Mohammad Yunus a mis en avant l'idée géniale (et très libérale) qu'il a mis en oeuvre : le micro-crédit. M. Yunus a d'ailleurs rencontré les dirigeants d'Alternative Libérale, le jeune parti libéral français lors de son passage à Paris. Le micro-crédit consiste à prêter une petite somme à un individu pauvre, souvent une femme, afin de lui permettre d'investir en achetant par exemple une chèvre ou du matériel de couture. Cette forme d'aide a ceci de particulier que, grâce au très bon taux remboursement (et aux intérêt parfois très élevés, certes), les associations ou les sociétés qui le mettent en place sont rentables.

Si j'ai parlé du micro-crédit, c'est pour introduire un autre exemple d'action caritative compatible avec la rentabilité. Cette dernière garantit l'indépendance et la pérennité. La société en question, Scojo Vision commercialise des lunettes haut de gamme dans les pays riches en vend aussi à travers sa fondation en Inde, au Bengladesh, au Mexique et au Guatemala. Le co-fondateur, Jordan Kassalow a remarqué lors de campagnes humanitaires comme expert sanitaire que la plus grande partie (1 pour 50) des problèmes oculaires dans ces pays peut être réglée par un paire de lunettes-loupes. C'est une solution économique pour régler la presbytie. Dans nos pays, la presbytie est surtout gênante pour lire et on peut trouver limité l'intérêt pour des illettrés ou quasi-illettrés d'avoir une vision très nette. L'explication est que cette vision nette est indispensable pour de très nombreux métiers : artisanat, couture et même agriculture (reconnaissance de parasite et choix du bon remède).

Scojo est basé sur le concept de micro-franchises dans lequel Scojo fabrique des lunettes pour 1$, les vends pour 2$ à ses franchisés qui eux-mêmes les revendent 3$. Ces 3$ sont une somme relativement importante dans des régions où beaucoup gagnent 1 à 2$ par jour mais c'est aussi la possibilité de retrouver ses faculté pour le travail. Depuis 2001, Scojo a vendu 50000 paires de lunettes par ce biais et veut en vendre 1 millions d'ici 2010 et 10 millions à l'horizon 2016.

De plus, ils coopèrent avec des associations locales.

Ce billet est basé sur l'article Pyramid power de The Economist (du 13-01-07). Pour les abonnés, c'est ici, pour les autres, c'est aussi à cet endroit.

Scojo pour les riches
Scojo pour les pauvres

En faisant une recherche sur le web concernant Scojo Vision, j'ai trouvé ce site à propos d'un trophée des sociétés qui conjugent caritatif et rentabilité.

A lire : The Culture of Social Entrepreneurship.