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lundi 17 août 2009

Le web et les romans (2)

Dans un billet précédent, je parlais des apports d'Internet à la littérature en terme de documentation. Je suis tombé -- un peu en retard -- sur un nouvel exemple qui s'approche plus de la communauté de lecteurs (synchrone plutôt qu'asynchrone).

Le projet se nomme Infinite Summer, le but est réunir des internautes autour de la lecture du grand roman de feu David Foster Wallace au cours de l'été 2009 et d'accompagner leur lecture par des billets de personnes connaissant bien le texte publiés au rythme de lecture prévu. Rien n'empêche de réutiliser cela en décalé, j'y pense pour mon été 2011 ;).

Un projet similaire mais un peu plus ancien et plus classique est celui des Chumps of Choice qui ont lu et discuté d'Against the Day de Pynchon au moment de sa sortie. Je consulte actuellement les archives de ce blog en parallèle de ma lecture du roman. A tour de rôle, chaque participant fait un résumé et une analyse d'une section prédéterminée. Les autres réagissent et complètent dans les commentaires du billet. Une différence est que les "guides" découvraient ici le texte alors que ceux d'IS connaissent déjà très bien IJ. Certains s'efforçaient même de rédiger leur partie avant d'avancer dans le livre pour éviter les spoilers et les interprétations basées sur des éléments situés plus loin.

Pour l'aspect communautaire, notons aussi le développement de forum consacrés à un livre ou à un auteur, de groupes Facebook ou des sites comme LibraryThings

Dans un style plus asynchrone, construction d'une référence, il est impressionnant de constater l'évolution du wiki consacré à Inherent Vice, le dernier roman de Thomas Pynchon devenu une énorme source d'information dès les jours suivants la sortie du livre avec par exemple, une liste des chansons évoquées dans le roman et des liens vers les vidéos correspondantes sur YouTube.

jeudi 4 septembre 2008

Stone Junction

Stone Junction a été écrit en 1990 mais n'a été publié en français que cette année par le Cherche Midi dans le collection Lot49 qui est spécialisée dans la littérature américaine contemporaine.
J'ai découvert ce livre par un intriguant billet de Garp sur le blog du Fric-Frac Club, un réseau de blogs littéraires passionnants dont font aussi partie, parmi d'autres, ceux de Claro, le codirecteur de la collection Lot49 et Fausto Majistral.
Jim Dodge est un romancier et poète américain ayant exercé bien d'autres métiers auparavant tels que bûcheron, enseignant et joueur de poker professionnel. Le roman est préfacé par Thomas Pynchon. je recommande de lire cette préface après le roman car elle donne trop d'informations à mon goût.



Stone Junction est avant tout un roman d'éducation. Le jeune Daniel Pearl, encore sous le choc du meurtre inexpliqué de sa mère est recueilli par une étrange association secrète, l'AMO pour laquelle sa mère et lui travaillaient déjà. Volta, l'un des responsables de l'AMO propose à Daniel de suivre une formation en étant confié successivement à différents professeurs de l'organisation. Les portraits de ces enseignants font une partie importante de l'intérêt du livre. Daniel apprendra notamment la méditation, le crochetage de serrure, la drogue, le poker, le déguisement et enfin l'invisibilité.

Daniel accepte de faire partie de l'AMO suite à la promesse de Volta d'utiliser les grandes ressources de l'organisation en terme de renseignement pour enquêter sur la mort de sa mère.

L'AMO est l'Association des Magiciens et Outlaws, une sorte de réseau de compétence incroyablement variée. Ce n'est absolument pas une société secrète à la Dan Brown utilisée pour bâtir un scénario sur une vague théorie du complot mais un ensemble d'individus décalés et en marge de la société d'une façon ou d'une autre et sans véritable but en soi. Le coté magique apparaît au fil du roman de façon discrète à la manière du magical realism.

La formation que Volta fait suivre à Daniel tend, à son insu, vers un objectif quasi impossible : voler un certaine objet au centre de toutes les attentions dans une base militaire. Avec le temps, il deviendra aussi l'objectif de Daniel or cet objet ne peut avoir qu'un possesseur.

Un des grands moments du livre est une partie de poker à laquelle participe Daniel et son professeur. Jim Dodge a été joueur de poker professionnel et on le ressent à le lecture de ce passage. Je conseille aux lecteurs de lire préalablement cette page de Wikipédia sur les variantes Low du poker et, s'ils ne le connaissent pas déjà, les règles du poker. Sans cela, les combinaisons décrites risquent d'être obscure et de gêner la compréhension de l'intrigue. En effet, les mains sont ici décrite par la plus haute ou les deux plus hautes cartes de la mains, sachant que le plus bas est le mieux (le but est de faire la combinaison la plus faible possible et donc d'éviter les paires et les cartes hautes).

Ce roman est très plaisant à lire. Il y a un certain mélange des genres avec notamment du thriller et un peu de fantastique. On retrouve les différentes occupations passées ou présentes de Jim Dodge telles que joueur professionnel de poker et auteur de livres sur le biorégionalisme. La nature et plus généralement le "basse technologie" tiennent un rôle important dans le livre. Pynchon dit d'ailleurs dans sa préface qu'il est possible que ce soit quasiment le seul cas de romans délibérément analogique. On est loin des piratages informatiques ridicules que l'on peut lire par ailleurs.

Bien sûr, malgré toute la sympathie que l'on peut éprouver pour les personnages de l'AMO, certains restent des voleurs, ce que je désapprouve contrairement à Dodge qui accepte le coté Robin des Bois.

La mise en page du livre est agréable mais il reste trop de coquilles. Je recommande néanmoins fortement ce livre qui peut plaire à mon avis à un public très large.

En VO :

Note : Jim Dodge est aussi l'auteur du roman Fup dont l'édition française est épuisée et ainsi que d'essais sur le biorégionalisme tels que Living By Life: Some Bioregional Theory and Practice (dont je ne connais pas l'intérêt).