dimanche 1 juillet 2007

Solutions non satisfaisantes

Pub : Les éditions de Moutons électriques proposent en souscription une édition numérotée d'un ouvrage sur Robert A. Heinlein, un de mes auteurs de fictions préférés.

Cette version sortira le 3 septembre 2007, la sortie "normale" n'ayant lieu que 6 moins plus tard (à un prix non encore annoncé).

Voir aussi ici.

samedi 28 avril 2007

Futur et fin du travail ?

Beaucoup de libéraux auto-proclamés, en fait plus souvent des conservateurs de droite ou de gauche, nous affirment que le travail est une des leurs valeurs essentielles et que ce serait un élément important de la morale libérale. Commençons par une remarques triviales : le travail est fatigant. Comment placer comme valeur suprême quelque chose qui déplaît à tant de monde et est souvent mauvais pour la santé voire le moral ?
Faisons un petit effort de futurologie pour imaginer l'avenir du travail et plus précisément sa disparition. Depuis le début l'invention des premiers outils mais surtout depuis les Révolutions industrielles, l'homme ne cesse de trouver des moyens d'augmenter les rendements de son travail, c'est à dire d'avoir plus avec moins d'effort. L'avenir que l'on peut donc espérer est la quasi-disparion du travail avec le remplacement complet des tâches de production et de travail manuel par l'utilisation de machines-robots. On peut alors se poser deux questions : Que feront les humains n'ayant plus de travail et comment répartir les tâches restantes ?

Le simple fait que certains se posent la première question m'inquiète. La réponse est simplement que les humains se consacreront à des activités plus épanouissantes tels que la culture, la réflexion, la création artistique. La nombre d'heure de loisirs dans la journée a eu tendance à augmenter fortement au cours de l'histoire, souvent de concert avec la liberté dans une société donnée. On peut espérer que la civilisation de la fin du travail sera durablement la plus créative de l'histoire de l'humanité.

La réponse à la deuxième question nous est donnée par l'émergence depuis deux décennies du mouvement Open Source voire, depuis plus bien longtemps, par la recherche universitaire : le travail restant sera réalisé par ceux qui ne le considère justement pas comme un travail mais comme une forme de création. On peut imaginer que parmi les formes de création auxquels certains voudront consacrer leur temps ou une partie de celui-ci, il y aura l'artisanat et la culture de nourriture de haute qualité.

Certains éléments de cette rêverie futurologique restent bien sûr à préciser : le financement de la création et l'entretien des machines, la répartition de ce qui est produits par les machines et les humains. Le processus de marché avant et pendant permet d'arriver à une solution adapté et peut-être inimaginable aujourd'hui dans notre société si différente. On peut néanmoins imaginer qui si certaines machines pourront appartenir à une famille (un foyer), d'autres installations sont plutôt mutualisées tant au niveau des contraintes que des résultats. On assisterais alors à des regroupements en communautés auto-organisées.
Certains participerais en prêtant du terrain, ceux qui ont les compétences nécessaires en effectuant les tâches de maintenance, organisation, administration restant à l'homme. Les autres pourrait compenser par un système monétaire ou de troc en fournissant leurs créations "utiles" (nourriture de qualité, artisanat), les originaux des oeuvres d'art, des services intellectuels (formations, ...) ou autres. Si, comme on peut s'y attendre, il y a un phénomène d'identification à sa communauté, le prestige qu'un individu dans cette civilisation tournée vers le savoir apporte au groupe peut lui servir à justifier sa part de la production. Ce type de relation est aussi possible entre communauté ou d'un individu avec une d'autres (en dehors de son groupe habituel). Dans cette forme particulière d'anarcapie (il faut bien l'admettre), la justice effective serait réglée par les rapports entre les groupes. Il est possible que les individu puisse s'affilier à différentes communautés mais cela me semble moins probable (et moins souhaitable) qu'une situation de saine concurrence créative entre communautés. On peut toutefois espérer les mentalités auraient évoluées de façon à privilégier la coopération sur le prestige.

samedi 24 mars 2007

Hans Rosling à TED2006


Cette présentation passionnante a été donnée lors de TED2006, par Hans Rosling à Monterey, CA, USA.

Sur le fond, Hans Rosling utilise les données statistiques à sa disposition pour contrer quelques idées reçues concernant la pauvreté dans le monde et son évolution. Cela s'améliore, certes trop doucement, mais nous le savons déjà. Ses conclusions sont d'abord que c'est une erreur de traiter globalement des problèmes très disparates comme il le montre mais l'idée la plus importante est qu'il faut que chacun puisse consulter ces données simplement pour répondre à ses propres interrogations. Cela passe par l'ouverture des bases de données financées publiquement (institut de statistiques, ONG, ...) et le développement d'outils simples pour chercher les informations puis les visualiser et les croiser.

Sur la forme, la présentation est vraiment brillante et vaut la peine d'être vue aussi bien pour la façon très fluide de présenter les données que pour le talent qu'a Hans Rosling pour faire passer son message.




gapminder.org


Merci à Pankkake qui a bookmarqué cette video dans son del.icio.us.

dimanche 4 mars 2007

Brève histoire du monde

Je vais vous présenter un livre de Ernst Gombrich. Peut-être connaissez vous déjà son nom : il est l'auteur d'une Histoire de l'art qui semble être une référence. Il est aussi cité dans les remerciements de The Open Society and Its Enemies, Popper y écrit : "I am deeply indebted to Professor F. A. von Hayek. Without his interest and support the book would not have been published. Professor E. Gombrich has undertaken to see the book through the press, a burden to which was added the strain of an exacting correspondence between England and New Zealand. He has been so helpful that I can hardly say how much I owe to him. Christchurch, N.Z., April 1944." Mais ce n'est d'aucune de ces deux facettes de son oeuvre que je vais parler ici. Le livre que j'ai lu est sa Brève histoire du monde.


Les promesses du titre sont bien tenues : ce livre d'"histoire" traite du "Monde" tant dans sa dimension temporelle (des dinosaures à la première guerre mondiale) que dans sa dimension géographique (tout les continents) de façon "brève" (en 300 pages écrit gros).

C'est à l'origine un livre écrit pour les enfants. L'auteur prend le parti de tutoyer son lecteur mais contrairement à mon attente je n'ai pas trouvé cela trop désagréable. On note que Gombrich a fait un effort de pédagogie : le texte est simple et les faits les plus importants et leurs dates sont répété. Bien que je ne sois plus dans le public visé, ce livre est un façon agréable de revoir des points d'histoire oublié. Les événements sont bien enchaînes. Certains passages sont tout de même un peu simplistes voire sujets à débat. On peux expliquer cela en parti (ainsi que le style parfois moyen) par l'ambition du projet, le lectorat enfantin visé et peut-être le relativement jeune âge de l'auteur qui venais juste de finir ses études (voire la traduction pour le style ...). Cette édition comprend un dernier chapitre ajouté plus tard où Ernst Gombrich donne son avis sur la période contemporaine.

Deux points historiques très bien traités sur lesquels j'ai appris sont les grandes périodes de migrations : le début de l'Antiquité et le Moyen-Age. On y suis les nombreux mélanges de populations et de cultures. Difficile de croire au concept de "nations" constituée naturellement après avoir lu cela.

En conclusion, c'est un livre agréable et instructif si l'on veut rafraîchir ses connaissances historiques. J'aurais aimé avoir l'occasion le lire il y a, disons, quinze ans mais je ne regrette absolument pas cette lecture.


Voir aussi :

samedi 10 février 2007

80 hommes pour changer le monde

J'ai donné dans un précédent billet l'exemple de Scojo Fundation qui est une association qui a un rôle social fort et est rentable. Si ce type d'action vous intéresse, je vous recommande fortement le livre "Le tour du Monde en 80 hommes". Il raconte le voyage de 2 amis autour du Monde à la rencontre de gens extraordinaires dont l'action sociale ou environnementale est réellement efficace et pourtant; dans la plupart des cas, autosuffissante (pas de dons ou de subventions) voire souvent rentable. Dans ce cas, rentable signifie que l'activité continue et peut faire le bien à plus grande échelle.



On y retrouve quelques personnes déjà bien connues telles que M. Yunus, T. Lecomte (fondateur d'AlterEco), H. de Soto ("Le mystère du capital") ou A. Domini (fond d'investissement à critères éthiques) et surtout des inconnus remarquables.

Il y une idée évoquée dans deux histoires qui n'est pas nouvelle mais qui, je l'espère, trouvera plus applications à l'avenir, c'est l'idée que les déchets des eux sont les matières premières des autres. Le problèmes étant que ces deux activités complémentaires n'ont généralement pas de liens : les premiers cherchant juste à se débarasser de "déchets", les autres ignorant que leur matière première est disponible ainsi. Je connaissais ce ce concept de réutilisation de déchets par un article de The Economist consacré à BASF qui a construit une usine géante (selon les critères du secteur chimique) et fait de grosses économies en réduisant les transports de résidus de réaction pour les utiliser dans d'autres processus. Le premier exemple abordé dans le livre est celui de l'écoparc de Kalunborg au Danemark. Sans régulation supérieure ni planification, les acteurs de cette zone industrielle se sont arrangés entre eux pour échanger des flux pour le plus grand avantage de tous. Le schéma présenté dans cette interview de J. Christensen (qui a été rencontré par les auteurs) montre bien l'ampleur prise par les échanges au cours du temps. Un exemple plus simple est celui de Waste Concern au Bangladesh, cette ONG a commencé en débarrassant les habitants de quartiers pauvres (moyennant un petite cotisation) pour les revendre comme engrais bio aux agriculteurs.

Une autre histoire originale que j'ai trouvée fort sympathique est celle de Takao Furuno. Ce riziculteur a repris une technique ancestrale connue depuis 7 siècles : élever des canards dans la rizières ! Ces derniers mangent les insectes et remuent la terre, leurs déjections servent d'engrais et on peut les vendre à la fin.

Le voyage de Mathieu Le Roux et Sylvain Darnil est aussi présenté sur leur très joli site (www.80hommes.com) qui offre notamment les portraits des personnes rencontrées, l'introduction et le premier chapitre du livre.

J'ai beaucoup aimé la fin de leur introduction :

Nous espérons vous faire revivre la succession de découvertes que ces entrepreneurs nous ont fait vivre. Celles du monde dont chacun rêve pour ses enfants. Etes-vous prêt à vous laisser surprendre ?
Avant de commencer, faîtes un exercice. Imaginez un monde :
  • où un réseau d’hôpitaux rentables soigne gratuitement deux tiers de ses patients et utilisent des prothèses médicales cinquante fois moins chères que les prothèses habituelles…
  • où les transports en commun sont tellement répandus, agréables et efficaces en ville que vous n’utilisez votre voiture que quelques heures par an. Celle-ci est d’ailleurs deux fois plus économe en énergie et vous ne la payez que lorsque vous l’utilisez...
  • où un entrepreneur exploite des centaines de milliers d’hectares de forêts pour approvisionner en bois la superpuissance de demain, et ceci, sans mettre en péril la biodiversité de son pays…
  • où l'immeuble dans lequel vous travaillez ou habitez produit plus d’énergie qu'il
    n'en consomme. Il ne nécessite aucun système de chauffage ou d’air conditionné, à Noël, comme au beau milieu du mois de Juillet…
  • où les emballages des produits que vous consommez chaque jour ne s’accumulent plus dans les sols et les rivières, mais les nourrissent en se dégradant sans danger pour votre santé et celle de vos enfants…
  • où une banque permet aux trois quarts de ses clients de se sortir d’une situation d’extrême pauvreté, tout en étant parfaitement rentable...
  • où l’agriculture biologique apporte un revenu plus élevé aux agriculteurs en
    ayant des rendements équivalents ou supérieurs à l’agriculture intensive...
  • où l'industrie chimique ne mesure plus ses résultats au nombre de tonnes de matière nocives vendues, mais au service rempli, à moindre coût pour l’écosystème et la santé humaine…
  • où un styliste déjanté, refusant la mode des délocalisations, fait de son entreprise l’un des leaders du marché des t-shirts, tout en payant sa main d’oeuvre deux fois le salaire minimum.

Utopies ? Ce monde existe, nous l'avons parcouru. Ces initiatives existent, nous les avons étudiées. Ces entrepreneurs existent, nous les avons rencontrés. Découvrez-les !


Merci au Sous-Commandant Marco qui a présenté le livre sur liberaux.org.

dimanche 21 janvier 2007

"Pour en finir avec le Moyen-Age"

"Pour en finir avec le Moyen-Age" de Régine Pernoud est un petit livre très intéressant sur le Moyen-Age ou plus précisement, les nombreuses erreurs commises au sujet de cette longue période. L'aspect pamphlétaire du livre facilite la lecture mais semble parfois prendre le dessus sur la rigueur historique nécessaire.

Chaque chapitre aborde un sujet parmi lesquels l'art, la religion et la place de la femme. L'art du Moyen Age a souvent été estimé à l'aune des critères de la Renaissance, période à laquelle l'imitation de l'Antiquité est le seul objectif. En effet, les artistes et artisans du MA semblent bien malhabile si l'on suppose qu'ils ont cherché à copier l'Antiquité. Une citation savoureuse de Colbert : "copiez exactement les chefs-d'oeuvres antiques sans rien y ajouter" (aux jeunes envoyés étudier à Rome).
Sur la religion, de nombreuses mises au point sur la relation entre les pouvoirs temporels et spirituels, l'Inquisition, les croisades (terme d'ailleurs inexistant à l'époque).
Sur la place des femmes, j'ai appris l'existence de relativement nombreuses femmes "intellectuelles" telles que l'abesse Hrotsvitha, l'abesse Herrade de Landsberg (rédactrice de l'encyclopédie la plus connue au XIIe siècle) et d'autres alors que l'on affirme souvent que les femmes sont vue comme "sans âme" par l'Eglise de l'époque. Parlons aussi de Pétronille de Chemillé, nommée à 22 ans première abbesse d'un double couvent (moine et moniales) par Robert d'Abrissel !

En ces temps où le "révisionnisme" est condamné par la loi, c'est bien intéressant de voir l'écart entre l'Histoire connue du grand public (moi compris) et celle venant des textes originaux.

Les deux derniers chapitres sont consacrés à l'Histoire (en tant que discipline) et à son enseignement. En 1979, Mme Pernoud, née en 1909, a déjà une carrière d'historienne bien remplie (mais écrira encore une trentaine d'ouvrage avant sa mort en 1998). Elle met en garde contre l'adaptation romancée de l'Histoire, trop souvent approximative. On y apprend que même de grands historiens comme Michelet ont propagés de graves erreurs (dans son cas, faute d'avoir accès aux Archives nationales à la fin de sa vie). Pire, elle raconte le cas d'historiens pensant que leur discipline permet de "promouvoir ses idées" ou encore qu'il fait laisser au public sa "liberté de pensée" face aux faits.

En conclusion, un court livre pour corriger pas mal d'idées reçues sur cette période entamer une réflexion sur la place de la vérité en Histoire.

vendredi 19 janvier 2007

Scojo : business et caritatif


L'attribution du Prix Nobel de la Paix à Mohammad Yunus a mis en avant l'idée géniale (et très libérale) qu'il a mis en oeuvre : le micro-crédit. M. Yunus a d'ailleurs rencontré les dirigeants d'Alternative Libérale, le jeune parti libéral français lors de son passage à Paris. Le micro-crédit consiste à prêter une petite somme à un individu pauvre, souvent une femme, afin de lui permettre d'investir en achetant par exemple une chèvre ou du matériel de couture. Cette forme d'aide a ceci de particulier que, grâce au très bon taux remboursement (et aux intérêt parfois très élevés, certes), les associations ou les sociétés qui le mettent en place sont rentables.

Si j'ai parlé du micro-crédit, c'est pour introduire un autre exemple d'action caritative compatible avec la rentabilité. Cette dernière garantit l'indépendance et la pérennité. La société en question, Scojo Vision commercialise des lunettes haut de gamme dans les pays riches en vend aussi à travers sa fondation en Inde, au Bengladesh, au Mexique et au Guatemala. Le co-fondateur, Jordan Kassalow a remarqué lors de campagnes humanitaires comme expert sanitaire que la plus grande partie (1 pour 50) des problèmes oculaires dans ces pays peut être réglée par un paire de lunettes-loupes. C'est une solution économique pour régler la presbytie. Dans nos pays, la presbytie est surtout gênante pour lire et on peut trouver limité l'intérêt pour des illettrés ou quasi-illettrés d'avoir une vision très nette. L'explication est que cette vision nette est indispensable pour de très nombreux métiers : artisanat, couture et même agriculture (reconnaissance de parasite et choix du bon remède).

Scojo est basé sur le concept de micro-franchises dans lequel Scojo fabrique des lunettes pour 1$, les vends pour 2$ à ses franchisés qui eux-mêmes les revendent 3$. Ces 3$ sont une somme relativement importante dans des régions où beaucoup gagnent 1 à 2$ par jour mais c'est aussi la possibilité de retrouver ses faculté pour le travail. Depuis 2001, Scojo a vendu 50000 paires de lunettes par ce biais et veut en vendre 1 millions d'ici 2010 et 10 millions à l'horizon 2016.

De plus, ils coopèrent avec des associations locales.

Ce billet est basé sur l'article Pyramid power de The Economist (du 13-01-07). Pour les abonnés, c'est ici, pour les autres, c'est aussi à cet endroit.

Scojo pour les riches
Scojo pour les pauvres

En faisant une recherche sur le web concernant Scojo Vision, j'ai trouvé ce site à propos d'un trophée des sociétés qui conjugent caritatif et rentabilité.

A lire : The Culture of Social Entrepreneurship.