jeudi 4 septembre 2008

Stone Junction

Stone Junction a été écrit en 1990 mais n'a été publié en français que cette année par le Cherche Midi dans le collection Lot49 qui est spécialisée dans la littérature américaine contemporaine.
J'ai découvert ce livre par un intriguant billet de Garp sur le blog du Fric-Frac Club, un réseau de blogs littéraires passionnants dont font aussi partie, parmi d'autres, ceux de Claro, le codirecteur de la collection Lot49 et Fausto Majistral.
Jim Dodge est un romancier et poète américain ayant exercé bien d'autres métiers auparavant tels que bûcheron, enseignant et joueur de poker professionnel. Le roman est préfacé par Thomas Pynchon. je recommande de lire cette préface après le roman car elle donne trop d'informations à mon goût.



Stone Junction est avant tout un roman d'éducation. Le jeune Daniel Pearl, encore sous le choc du meurtre inexpliqué de sa mère est recueilli par une étrange association secrète, l'AMO pour laquelle sa mère et lui travaillaient déjà. Volta, l'un des responsables de l'AMO propose à Daniel de suivre une formation en étant confié successivement à différents professeurs de l'organisation. Les portraits de ces enseignants font une partie importante de l'intérêt du livre. Daniel apprendra notamment la méditation, le crochetage de serrure, la drogue, le poker, le déguisement et enfin l'invisibilité.

Daniel accepte de faire partie de l'AMO suite à la promesse de Volta d'utiliser les grandes ressources de l'organisation en terme de renseignement pour enquêter sur la mort de sa mère.

L'AMO est l'Association des Magiciens et Outlaws, une sorte de réseau de compétence incroyablement variée. Ce n'est absolument pas une société secrète à la Dan Brown utilisée pour bâtir un scénario sur une vague théorie du complot mais un ensemble d'individus décalés et en marge de la société d'une façon ou d'une autre et sans véritable but en soi. Le coté magique apparaît au fil du roman de façon discrète à la manière du magical realism.

La formation que Volta fait suivre à Daniel tend, à son insu, vers un objectif quasi impossible : voler un certaine objet au centre de toutes les attentions dans une base militaire. Avec le temps, il deviendra aussi l'objectif de Daniel or cet objet ne peut avoir qu'un possesseur.

Un des grands moments du livre est une partie de poker à laquelle participe Daniel et son professeur. Jim Dodge a été joueur de poker professionnel et on le ressent à le lecture de ce passage. Je conseille aux lecteurs de lire préalablement cette page de Wikipédia sur les variantes Low du poker et, s'ils ne le connaissent pas déjà, les règles du poker. Sans cela, les combinaisons décrites risquent d'être obscure et de gêner la compréhension de l'intrigue. En effet, les mains sont ici décrite par la plus haute ou les deux plus hautes cartes de la mains, sachant que le plus bas est le mieux (le but est de faire la combinaison la plus faible possible et donc d'éviter les paires et les cartes hautes).

Ce roman est très plaisant à lire. Il y a un certain mélange des genres avec notamment du thriller et un peu de fantastique. On retrouve les différentes occupations passées ou présentes de Jim Dodge telles que joueur professionnel de poker et auteur de livres sur le biorégionalisme. La nature et plus généralement le "basse technologie" tiennent un rôle important dans le livre. Pynchon dit d'ailleurs dans sa préface qu'il est possible que ce soit quasiment le seul cas de romans délibérément analogique. On est loin des piratages informatiques ridicules que l'on peut lire par ailleurs.

Bien sûr, malgré toute la sympathie que l'on peut éprouver pour les personnages de l'AMO, certains restent des voleurs, ce que je désapprouve contrairement à Dodge qui accepte le coté Robin des Bois.

La mise en page du livre est agréable mais il reste trop de coquilles. Je recommande néanmoins fortement ce livre qui peut plaire à mon avis à un public très large.

En VO :

Note : Jim Dodge est aussi l'auteur du roman Fup dont l'édition française est épuisée et ainsi que d'essais sur le biorégionalisme tels que Living By Life: Some Bioregional Theory and Practice (dont je ne connais pas l'intérêt).



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