jeudi 11 septembre 2008

Etat de choc

Petite présentation d'un livre que j'ai lu en Mai. Solution de facilité, je commence en reprenant le travail de l'éditeur :

Présentation de l'éditeur Comment un haut fonctionnaire a-t-il pu passer deux ans dans un pays ultralibéral et aimer cela ? Xavier de Lesquen, de retour de Nouvelle-Zélande, bouscule les préjugés sur un vieux débat français : la place de l'État, l'organisation des services publics et le rôle des fonctionnaires. Ce récit enlevé et captivant nous transporte à la fois dans le temps avec un retour aux origines monarchiques de nos fonctionnaires et dans l'espace avec la découverte des ambitieuses réformes faites en Nouvelle-Zélande. Ce livre illustre l'immobilisme français face à l'imagination et au dynamisme d'un pays qui a su adapter ses services publics aux réalités du XXIe siècle. La France saura-t-elle à son tour inventer cet " État de choc " dont elle a impérativement besoin pour affronter le monde de demain ?
Biographie de l'auteur Xavier de Lesquen est haut fonctionnaire diplômé de I'FNA. Il a dirigé les Défis français " 6e sens " et " Areva " en Nouvelle-Zélande puis l'équipe " China Team " lors des trois dernières éditions de la coupe de l'America. Il se passionne peur les débat d'idées et notamment pour la réforme du la fonction publique à laquelle il est très attaché. De son expérience, il livre une analyse à la fois réfléchie et impertinente sur la France, pays où la fonction publique est reine, et la Nouvelle-Zélande, " enfer libéral ", qui a su " dégraisser le mammouth "...

(lien Amazon sous l'image)

Le livre est divisé en chapitres courts. Certains sont consacrés à l'origine historique des problèmes de la place de l'État en France. Xavier de Lesquen y fait souvent référence à L'Ancien Régime et la Révolution de Tocqueville. Les autres chapitres utilisent des exemples vécus pour décrire et analyser des aspects des réformes néo-zélandaises (par exemple, l'école pour ses enfants ou la création d'une structure juridique pour l'équipe française à la Coupe de l'America).

Sur le fond, le livre est intéressant tant pour l'aspect concret de ses descriptions de la vie en Nouvelle-Zélande que pour les analyses de la situation française. Sur la forme, je trouve qu'il en fait parfois un peu trop dans sa caricature des Français rétifs au changement. L'équilibre entre les faits (chiffres, lois) et la description subjective est bon même si j'aurais préféré un peu plus de théorie sur certains sujets.

En conclusion, c'est un livre qui n'apprendra pas énormément au libéraux convaincus mais donne des exemples et des chiffres réutilisables et est un bon livre à faire lire à un "libéral en devenir".

(J'ai repris mon commentaire sur le fil de liberaux.org consacré au livre. Le temps m'ayant manqué cette semaine pour faire billet publiable mais j'essaye de garder un rythme.)

jeudi 4 septembre 2008

Stone Junction

Stone Junction a été écrit en 1990 mais n'a été publié en français que cette année par le Cherche Midi dans le collection Lot49 qui est spécialisée dans la littérature américaine contemporaine.
J'ai découvert ce livre par un intriguant billet de Garp sur le blog du Fric-Frac Club, un réseau de blogs littéraires passionnants dont font aussi partie, parmi d'autres, ceux de Claro, le codirecteur de la collection Lot49 et Fausto Majistral.
Jim Dodge est un romancier et poète américain ayant exercé bien d'autres métiers auparavant tels que bûcheron, enseignant et joueur de poker professionnel. Le roman est préfacé par Thomas Pynchon. je recommande de lire cette préface après le roman car elle donne trop d'informations à mon goût.



Stone Junction est avant tout un roman d'éducation. Le jeune Daniel Pearl, encore sous le choc du meurtre inexpliqué de sa mère est recueilli par une étrange association secrète, l'AMO pour laquelle sa mère et lui travaillaient déjà. Volta, l'un des responsables de l'AMO propose à Daniel de suivre une formation en étant confié successivement à différents professeurs de l'organisation. Les portraits de ces enseignants font une partie importante de l'intérêt du livre. Daniel apprendra notamment la méditation, le crochetage de serrure, la drogue, le poker, le déguisement et enfin l'invisibilité.

Daniel accepte de faire partie de l'AMO suite à la promesse de Volta d'utiliser les grandes ressources de l'organisation en terme de renseignement pour enquêter sur la mort de sa mère.

L'AMO est l'Association des Magiciens et Outlaws, une sorte de réseau de compétence incroyablement variée. Ce n'est absolument pas une société secrète à la Dan Brown utilisée pour bâtir un scénario sur une vague théorie du complot mais un ensemble d'individus décalés et en marge de la société d'une façon ou d'une autre et sans véritable but en soi. Le coté magique apparaît au fil du roman de façon discrète à la manière du magical realism.

La formation que Volta fait suivre à Daniel tend, à son insu, vers un objectif quasi impossible : voler un certaine objet au centre de toutes les attentions dans une base militaire. Avec le temps, il deviendra aussi l'objectif de Daniel or cet objet ne peut avoir qu'un possesseur.

Un des grands moments du livre est une partie de poker à laquelle participe Daniel et son professeur. Jim Dodge a été joueur de poker professionnel et on le ressent à le lecture de ce passage. Je conseille aux lecteurs de lire préalablement cette page de Wikipédia sur les variantes Low du poker et, s'ils ne le connaissent pas déjà, les règles du poker. Sans cela, les combinaisons décrites risquent d'être obscure et de gêner la compréhension de l'intrigue. En effet, les mains sont ici décrite par la plus haute ou les deux plus hautes cartes de la mains, sachant que le plus bas est le mieux (le but est de faire la combinaison la plus faible possible et donc d'éviter les paires et les cartes hautes).

Ce roman est très plaisant à lire. Il y a un certain mélange des genres avec notamment du thriller et un peu de fantastique. On retrouve les différentes occupations passées ou présentes de Jim Dodge telles que joueur professionnel de poker et auteur de livres sur le biorégionalisme. La nature et plus généralement le "basse technologie" tiennent un rôle important dans le livre. Pynchon dit d'ailleurs dans sa préface qu'il est possible que ce soit quasiment le seul cas de romans délibérément analogique. On est loin des piratages informatiques ridicules que l'on peut lire par ailleurs.

Bien sûr, malgré toute la sympathie que l'on peut éprouver pour les personnages de l'AMO, certains restent des voleurs, ce que je désapprouve contrairement à Dodge qui accepte le coté Robin des Bois.

La mise en page du livre est agréable mais il reste trop de coquilles. Je recommande néanmoins fortement ce livre qui peut plaire à mon avis à un public très large.

En VO :

Note : Jim Dodge est aussi l'auteur du roman Fup dont l'édition française est épuisée et ainsi que d'essais sur le biorégionalisme tels que Living By Life: Some Bioregional Theory and Practice (dont je ne connais pas l'intérêt).



jeudi 28 août 2008

Citations

Afin de faire un peu de place, j'ai supprimé les deux citations qui étaient dans ma signature sur le forum Liberaux.org. Pour mémoire, les voici :

Intuition must be controlled through rational criticism, which is the most important product of human language. This control through criticism is the rational aspect of the growth of knowledge and of our personal growth. It is one of the three most important things that make us human. The other two are compassion, and the consciousness of our fallibility.

Cette citation de Karl Popper est extraite de sa Tanner Lecture dans laquelle il exposait sa métaphysique, la théorie des Mondes 1, 2 et 3. Ces mondes sont respectivement ceux de la physique, de la conscience et de la connaissance objective. Cet extrait qui est la conclusion de la conférence considère que les trois éléments qui font de nous des humains sont l'esprit critique, la compassion et la conscience de notre faillibilité, ce qui me semble très juste.

If we declare "the left" our enemies and "the right" our allies, based on anti-socialist assumptions, we will ignore the emerging left-right alliance against markets. We will miss the symbolic and practical importance of such cutting-edge issues as biotechnology, popular culture, international trade, and Internet governance. We will sacrifice whole areas of research and innovation to stay friendly with people who'll agree to cut taxes just a little bit, and only for families with children. We will miss the chance to deepen the appreciation for market processes among people who lack the proper political pedigree. We will sacrifice the future of freedom in order to preserve the habits of the past.

L'autre citation est de Virginia Postrel. Je l'ai trouvé dans son discours devant la Société du Mont Pèlerin (en français ici). Ce discours et cet extrait resument bien l'idée de son livre The Future and its Enemies. Je pense aussi qu'il faut défendre les phénomène de marché (ou de catalaxie) plutôt que de lutter contre un socialisme que n'existe plus vraiment par des alliances douteuses.

Je reparlerai à l'occasion de Karl Popper et Virginia Postrel dans un futur billet.

Retour

Pour diverses raisons, j'ai laissé à l'abandon ce blog pendant trop longtemps (plus d'un an). A l'occasion de la rentrée, j'ai décidé de le relancer. Mon objectif est de publier un billet par semaine. Pour fixer un rythme, je vais essayer de poster le jeudi soir.

Par ailleurs, je manquais totalement d'inspiration au moment d'ouvrir ce blog et il n'avait donc pas de nom. Il se nomme maintenant Oisivetés en références aux écrits de Vauban. Je recommande à ce sujet ce podcast de Canal Académie à propos de la nouvelle édition des Oisivetés de Monsieur de Vauban qui explique bien le terme.